En lien avec les travaux de l’AACSB (Association to Advance Collegiate Schools of Business) et à partir de nos propres recherches, nous avons souhaité sensibiliser sur les problèmes de fraude et de corruption, tant dans le secteur privé que public. Il convient pour nous d’insister sur la nécessité de passer de la rhétorique à la pratique et de montrer que le plus important, pour lutter contre ces dérives et appliquer une démarche éthique, ce sont les actions et non les mots. L’éthique ne doit donc pas être utilisée à des fins commerciales (améliorer l’image de l’entreprise, attirer les clients, faire une bonne publicité, etc.) mais être pleinement intégrée dans l’application quotidienne de l’entreprise (appliquer la réglementation, être digne de confiance, tenir ses promesses, éviter les formes de clientélisme, fraude, contrefaçon, harcèlement ou d’abus de confiance).
La société en général et nos étudiants en particulier sont conscients que l’éthique n’est malheureusement pas toujours appliquée et que cette situation peut nuire à la crédibilité de leurs formations et des enseignements. Il était donc nécessaire pour nous de leur montrer, à travers des exemples pratiques, que l’éthique peut être la clé du succès pour des entreprises qui se respectent. Ainsi, dans notre livre sur l’éthique et la culture publié à Paris en 2018 (2ème édition), avons donné les exemples de certaines entreprises et institutions japonaises qui appliquent concrètement l’éthique à tous les niveaux de l’organisation, avec un impact positif sur le développement des activités, le management des équipes, la gestion de la diversité, l’innovation sociale, sociétale et technologique. Nous avons souhaité utiliser les résultats de nos recherches, comme de véritables études de cas et exemples dans nos enseignements sur le management éthique, en mettant en situation nos étudiants en termes de prise d’initiatives (dispositifs d’alerte) et de responsabilités.
Plusieurs défis se présentent. Les défis les plus importants, c’est notamment de mettre l’accent sur les dysfonctionnements relatifs à la non application de l’éthique. Il faut avoir le courage de les signaler et ensuite d’amener les changements nécessaires pour pouvoir appliquer réellement l’éthique. L’essentiel c’est ici que les étudiants comprennent que l’éthique n’est pas juste une théorie et que la non application de l’éthique nous pousse vers des dérives et l’inefficacité.
Mais nous constatons déjà des avancées. Ainsi, l’éthique a été introduite depuis quelques années dans les curriculums en tant que matière obligatoire pour la Licence ainsi qu’en Master et en MBA. Pour enseigner cette matière, on allie la théorie à des cas pratiques, des exemples et des exercices afin que cela soit le plus concret possible (jeux de rôles, entretiens, mise en situation, case studies). De même, les Sustainable Development Goals essaient d’être appliqués tant bien que mal au Liban, notamment auprès des grandes entreprises ou institutions (banques, universités, etc). Par exemple, en ce qui concerne le Sustainable development, nous observons souvent la mise en place du système solaire, du système photovoltaique, du tri des déchets, etc. Sinon, pour le reste, notamment dans les universités, les SDG sont intégrées, directement ou indirectement, dans les cours ou via les conférences.
Le plus grand défi pour les business leaders, c’est par conséquent de pouvoir continuer leur activité d’une façon éthique dans un environnement en perte de repères et de stabilité. En lien avec l’AACSB qui entend valoriser la qualité de leurs formations au management, l’éthique devrait faire partie intégrante de la culture des établissements de l’enseignement supérieur. Elle doit être un thème transversal dans toutes les disciplines enseignées. C’est de cette façon que les Business Schools pourront vraiment devenir un vecteur de changement positif et réussir à former des leaders responsables, pour contribuer à un meilleur lendemain.
Olivier Meier et Carole Doueiry Verne
NB : Nous tenons à remercier l’ AACSB (Association to Advance Collegiate Schools of Business) pour l’intérêt porté à nos recherches sur l’éthique organisationnelle et pour la confiance qu’ils nous témoignent.
Références
Bazzo A-M. et al. (2016), Enjeux éthiques de la profession d’enseignant, ESF Editions.
Doueiry Verne C. , Meier O. (2018), Culture et éthique, Editions VA, 2ème édition.
Mbandakulu M. (2020), L’éthique de l’enseignant, Editions l’Harmathan.
Meier O., Schier G. (2009), Gouvernance, éthique et RSE, Hermès Lavoisier.
https://www.aacsb.edu/data/data-reports/survey-reports