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Ecologie et pouvoir : comment votre vote peut influencer l’avenir de la Planète !

Le changement climatique s’impose comme l’enjeu le plus crucial du XXIe siècle, mettant en lumière la nécessité impérieuse de promulguer des lois et réglementations efficientes pour endiguer la dégradation environnementale rapide et limiter le réchauffement climatique. La défense de notre environnement, face à des menaces telles que la déforestation, la pollution atmosphérique, aquatique, et la perte irréversible de la biodiversité, est plus que jamais urgente et requiert une intervention législative accrue et coordonnée à l’échelle mondiale. La législation nationale, en tant que levier central de cette lutte, influe notablement sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, un impact que nous avons étudié et révélé dans une précédente publication scientifique (Stef and Ben Jabeur, 2020). Notre analyse montre que les réglementations environnementales adoptées au niveau national ont le potentiel de limiter les émissions de CO2. Cependant, l’efficacité de ces mesures législatives est intrinsèquement liée à la légitimité et la crédibilité des institutions régulatrices responsables de leur mise en œuvre et de leur renforcement. Les décrets et les amendements portant sur la protection environnementale peuvent mieux combattre le réchauffement climatique quand l’État de droit est fort. L’efficacité du cadre législatif de préserver l’environnement et limiter les conséquences du changement climatique dépend de la manière dont les régulations et les procédures sont appliquées.

La lutte contre le changement climatique nécessitent une modernisation continue des lois environnementales qui peut être accélérée par une forte implication des organisations écologistes dans le processus législatif et une responsabilité plus grande de la part des gouvernements nationaux et des institutions internationales. La mise en œuvre efficace de réglementations environnementales apparait comme une condition sine qua non pour lutter contre la dégradation de l’environnement et promouvoir un développement durable.

Toutefois, l’efficience d’une politique environnementale ne dépend pas uniquement de la mise en œuvre de législations adéquates ; elle est également influencée par des facteurs socio-politiques, tels que les élections, un point que nous avons mis en relief dans une publication récente (Stef et Ben Jabeur, 2023). Après avoir étudié de façon approfondie le fonctionnement du système politique de 67 démocraties, Stef et Ben Jabeur (2023) constatent une diminution notable, de l’ordre de 3% des émissions de CO2, dans les pays où les élections parlementaires à l’échelle nationale sont imminentes. Ce constat est en accord avec l’hypothèse de récompense-sanction, qui postule que, pour éviter une sanction lors des scrutins, les politiciens cherchent à envoyer des signaux positifs aux électeurs pendant les campagnes électorales, prouvant leur implication dans la lutte contre la dégradation environnementale.

Cette recherche révèle que les cycles électoraux ont des implications politiques majeures sur l’empreinte écologique de l’action publique. Les politiciens au pouvoir, conscients de la responsabilité qui leur imputent les électeurs sur les conséquences de la pollution et la gravité des catastrophes environnementales, peuvent être incités à adopter des comportements plus verts. Nos estimations démontrent que les émissions de CO2 ont tendance de baisser durant les élections législatives, particulièrement dans les pays non-membres de l’OCDE. Les politiciens de ce pays sont probablement plus attentifs et plus réactifs aux besoins écologiques de leurs électeurs.  Cela souligne le rôle significatif des élections, surtout législatives dans la variation des indicateurs de qualité environnementale. Ces élections ont une importance écologique capitale car elles peuvent contribuer à la modernisation du cadre législatif anti-pollution.

De plus, la mobilisation internationale autour du changement climatique témoigne d’une prise de conscience accrue des citoyens sur les enjeux environnementaux, mettant ainsi une pression substantielle sur les acteurs politiques pour intégrer des mesures concrètes pro-environnementales dans leurs programmes et répondre aux demandes croissantes des électeurs. Ces découvertes illustrent la nécessité pour les politiciens non seulement d’adopter un comportement plus pro environnement pendant mais aussi après les campagnes électorales, en sachant que tout comportement contraire peut être sanctionné par l’opinion publique. Cela renforce l’argument selon lequel un électorat responsable et conscient des enjeux environnementaux peut influencer positivement la politique environnementale d’un pays.

Cependant, la lutte contre le changement climatique et la dégradation environnementale nécessite une synergie d’actions, combinant des réglementations strictes, une conscience et une responsabilité écologiques accrues de la part des citoyens et des politiciens, ainsi qu’une collaboration internationale renforcée pour atteindre les objectifs de durabilité écologique. La mobilisation croissante des citoyens autour des enjeux environnementaux peut créer une pression constructive sur les décideurs politiques favorisant l’adoption de mesures écologiques concrètes destinées à préserver l’environnement, lutter contre les causes et atténuer les effets du changement climatique.

Nicolae Stef et Sami Ben Jabeur

Références

Stef, N., Ben Jabeur, S., 2023. Elections and environmental quality. Environmental and Resource Economics 84, 593–625.

Stef, N., Ben Jabeur, S., 2020. Climate change legislations and environmental degradation. Environmental and Resource Economics 77, 839–868.