Interview

Entretien auprès de Pierre-Yves Bournazel, député dans la 18ème circonscription de Paris

Entretien mené par le groupe Politikment

Dans vos récents travaux à l’Assemblée Nationale sur la question de la contrefaçon, vous parlez d’informer davantage les consommateurs sur l’impact négatif de celle-ci. Quels sont pour vous les dangers de la contrefaçon tant sur le plan économique que sociétal ?

Avec mon collègue Christophe Blanchet, nous avons mené un vrai travail de fond sur la question de la contrefaçon. Notre objectif est de faire comprendre à l’ensemble de la société les dangers de la contrefaçon. D’abord, la contrefaçon est un danger pour notre savoir-faire, pour nos emplois, notre attractivité puisque c’est un contournement de la loi par la reproduction d’objets mais également de bien d’autres choses sur différents marchés. Pour nous, il faut donc protéger ses emplois et ses savoir-faire.

Deuxièmement, au-delà que c’est clairement une atteinte à la liberté intellectuelle, c’est aussi un problème écologique parce que ces produits sont souvent très mal conçus avec l’utilisation de matériaux très polluants et ensuite c’est aussi l’esclavage notamment d’enfants dans différents continents notamment sur le continent asiatique. Ce qui en fait un véritable danger pour notre avenir. Enfin, je dirai la contrefaçon est un danger car c’est le financement de filières mafieuses, de réseaux de trafics, de réseaux de drogue jusqu’au terrorisme. La contrefaçon est donc un danger, il faut lutter à l’échelle internationale contre la contrefaçon, à l’échelle européenne pour avoir des outils pour protéger nos emplois et nos savoir-faire et en même temps à l’échelle nationale. Il faut aussi mobiliser les consommateurs, avoir un vrai plan positif d’éducation et de formation à la lutte contre la contrefaçon pour mieux consommer, consommer écologique pour protéger nos emplois et nos savoir-faire.

 Vous aviez comme premières préoccupations la propreté et la sécurité à Paris. Est-ce toujours le cas ? Quelles mesures pourriez-vous appliquer dans ce sens ?

La sécurité et la propreté sont deux sujets importants mais ce ne sont pas les seuls, il y a aussi la vision écologique de la ville, la transformation de son modèle de production et de consommation, le développement des vélos, la vie inclusive en matière de logement, la place de la jeunesse, la solidarité vis-à-vis des plus précaires, l’attractivité économique, le numérique. Sécurité et propreté c’est un peu au fond le quotidien. La propreté c’est d’abord avoir un plan prévention, prévention pour bien expliquer que « nous sommes des citoyens qui devons bien entretenir et respecter notre ville » et je pense que là aussi on a besoin d’une véritable communication pour expliquer le tri, la manière qu’on doit se comporter dans la rue, la question du recyclage, ça c’est important et il faut faire toujours plus de pédagogie. Donner moyen aussi aux agents d’avoir du bon matériel de qualité et d’être bien présents aux bonnes heures sur la question du balayage. Et puis le ramassage et la collecte des ordures ménagères dont j’avais proposé une réorganisation plus ciblée et plus efficace et j’avais proposé aussi des sanctions et notamment la mise en place de travaux d’intérêt général « tu casses, tu répares » « tu salis, tu nettoies » qui concernait donc la question de la propreté. Et puis sur la sécurité et la tranquillité publique j’ai proposé à l’époque seul mais j’ai été rejoint depuis par beaucoup de forces politiques et je m’en réjoui notamment la maire de Paris la création d’une police municipale de proximité, à pied et à vélo, en charge à la fois de la prévention pour être en lien avec les citoyens, les commerçants, les associations, les gardiens d’immeuble et pour être visible sur le terrain. Qui dit visible dit dissuasif, qui dit visible dit aussi réactif. Et cette police municipale pourrait limiter les incivilités et la petite délinquance du quotidien afin de traiter des problèmes vraiment de terrains. Si on ajoute à cela des travaux d’intérêt général on a une réponse très concrète. Partout où on met en place une police municipale de proximité avec des travaux d’intérêt général, les incivilités et la petite délinquance qui ruinent notre quotidien reculent dans les quartiers. On se rappelle que ma proposition de travaux d’intérêt général a été repris par notre groupe à l’Assemblée Nationale Agir Ensemble soutenu par le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti et on a maintenant tout un cheminement législatif pour qu’on puisse appliquer ces travaux d’intérêt général. Ces travaux d’intérêt général c’est une lutte contre la récidive aussi car lorsque vous avez une réponse, que vous ayez cassé un abri de bus, détruit des vélibs, dégrader une cage d’escalier, aujourd’hui il n’y a pas vraiment de poursuites, le parquet est embolisé et la réponse ce n’est pas la prison pour ces incivilités ou ces petits actes de petite délinquance. Il faut une réponse ciblée. J’avais aussi proposé que cette police municipale travaille en complémentarité d’une police nationale qui elle soit plutôt sur la question de la remontée des filières, des réseaux mafieux qui posent des lourds problèmes dans nos quartiers que ce soit dans des trafics de drogue, le prosélytisme ou le sujet des ventes illégales que je connais bien notamment dans la partie est du XVIIIème.

Êtes-vous satisfaits de la police municipale mise en place ou souhaiteriez-vous aller plus  loin ?

Je me suis battu avec d’autres collègues parlementaires pour que dans la loi soit crée cette police municipale. Elle est historique, nous aurons permis la création de cette police municipale, on a donné la possibilité à la ville de Paris de se doter de véritables pouvoirs d’actions. Je vous donne un seul exemple : Nous avons inscrit dans la loi la possibilité, je dis bien que c’est une possibilité car c’est aux mairies de mettre en œuvre la police municipale qu’elle souhaite, par exemple la verbalisation de ceux qui font une vente illégale, par exemple les ventes de cigarettes contrefaites, et pouvoir saisir les biens qu’ils vendent de manière illégale. Ça a un impact concret, on lutte contre ces vendeurs mais aussi contre les réseaux qu’il y a derrière en les empêchant en fait de se livrer à leur activité. On a mis ça dans la loi et c’est la mairie de Paris qui décidera si elle souhaite se saisir de ces prérogatives. En tout cas je souhaite qu’elle le fasse car je pense que ça sera très utile pour améliorer la sécurité, la tranquillité dans de nombreux quartiers de Paris. Je crois en matière de sécurité et de tranquillité à la coproduction, il y a ce que doit faire l’État, la préfecture de police, et donc la police nationale qui est plutôt sur la remontée des filières, des mafias, le démantèlement de ces filières. Il faut s’attaquer à ceux qui se nourrissent de ces filières et puis à côté il faut le volet proximité, maillage du quotidien, d’une police municipale, à l’écoute des habitants, plus proche des réalités et du terrain et qui puisse lutter aussi concrètement contre les incivilités et la petite délinquance en s’appuyant sur de nouveaux dispositifs, des dispositifs nouveaux, des travaux d’intérêt général. La sécurité est une chaîne où il y a plusieurs maillons et il faut que les maillons soient bien imbriqués pour que ça fonctionne bien.

Quelles mesures souhaiteriez-vous mettre en place pour rallier Paris à la cause environnementale ?

Je pense qu’on a besoin de transformer notre modèle de production et de consommation. Pas la transition, transition ça va pas assez loin car l’enjeu écologique est l’enjeu majeur du XXème siècle. Alors on doit agir à l’échelle internationale, à l’échelle européenne, à l’échelle nationale, à l’échelle des villes comme Paris, à l’échelle du Grand Paris. Déjà ce que j’ai dit tout à l’heure pour le logement, ne pas faire l’hyper densification mais faire de la qualité notamment sur la construction, sur le plan écologique comme architectural. Ensuite il faut développer nos espaces verts et lutter contre le bétonnage dans Paris qui est une ville à très forte densité.  S’engager contre le processus de bétonnage, favoriser les espaces verts, miser sur la qualité des constructions, faire en sorte de développer des transports en commun de qualité, ça me paraît fondamental. La priorité est aux bus, aux métro, le vélo, le développement du vélo, avec des pistes protégées, on a un plan aussi métropolitain qu’on appelle vélopitain qui me paraît fondamental pour permettre la dynamique à l’échelle du Grand Paris de la part du vélo, il faut renforcer les dispositifs pour interdire les véhicules les plus polluants notamment ceux diesels, il faut créer des ilots apaisés pour dans les quartiers de Paris pour permettre des circulations douces et la protection des piétons qui sont les plus vulnérables sur la chaussée. J’avais aussi des propositions aussi sur le bien-être animal à Paris, sur la souffrance animale, permettre la place des animaux dans la ville, les protéger. Assurer un plan de biodiversité aussi pour que dans la ville on puisse permettre cette biodiversité, la préserver et la développer, je souhaiterais aussi expérimenter le transport 24h/24 à commencer par le vendredi et le samedi sur les lignes automatisées du métro, et puis progressivement généraliser sur d’autres lignes. Pour que Paris soit une ville où la mobilité et l’attractivité soient assurées en misant sur le dynamisme et la lutte contre la pollution.